Selon une étude publiée en avril 2021 dans la revue Frontiers in Forests and Global Change, plus de 97 % des habitats terrestres ont perdu leur intégrité écologique et seulement 3% d’entre eux sont considérés comme intacts sur le plan faunistique.
On appelle « écosystème intact » un espace naturel qui n’a pas été perturbé par les activités humaines et conserve toutes ses populations animales, non chassées par l’homme, ou perdues à cause d’espèces envahissantes ou de maladies. Autrement dit, des territoires qui conservent la même faune et flore qui étaient présentes il y a cinq cents ans avant que les activités humaines n’influencent les milieux. La particularité de ces territoires est de posséder des habitats très préservés avec des populations abondantes d’espèces sauvages.
D’après cette étude, certaines des zones identifiées se trouvent sur des territoires gérés par des communautés indigènes, qui confirment que ces peuples jouent un rôle crucial dans le maintien de l’intégrité écologique de ces écosystèmes.
La plupart de ces terres préservées sont situés en Antarctique (zone qui n’a pas été prise en compte dans l’étude et ne fait donc pas partie des 3%), dans les forêts tropicales de l’Amazonie et du Congo, les forêts et toundras de l’Est sibérien et du Nord Canada, ainsi que dans le Sahara.
L’une des plus connues est le Serengeti, grand parc national situé dans le nord de la Tanzanie en Afrique. Couvrant près de 60.000 kilomètres carrés, ce parc possède plus de 500 espèces d’oiseaux et 300 espèces de mammifères sauvages. Communément appelé « plaine sans fin » par le peuple autochtone Masaï, le Serengeti est le théâtre de la plus grande migration animale restant intacte dans le monde, avec plus d’un million de gnous, 500 000 gazelles et 200 000 zèbres qui effectuent chaque année la périlleuse traversée vers la réserve Massai Mara au Kenya, à la recherche d’eau et de pâturages.
Le territoire autochtone Alto Rio Negro en Amazonie brésilienne fait également partie de la liste de ces écosystèmes. Vaste étendue forestière située entre la Bolivie et le Brésil, il est souvent considéré comme le centre névralgique mondial de la diversité génétique florale et animale.
Mais il existe aussi l’un de ces écosystèmes en Europe : A la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, la forêt de Białowieża est le denier vestige de la forêt primaire qui recouvrait autrefois l’Europe. Elle abrite encore des arbres vieux de plus de 500 ans, et des espèces d’animaux rares comme des loups, des lynx, des castors, ainsi que des bisons.

Pour réaliser leur étude, les scientifiques ont utilisé une intelligence artificielle qui a permis de croiser des données liées à l’impact de l’homme sur la biodiversité depuis 5 siècles. Ces données venaient de sources riches comme par exemple « l’Human Footprint« , qui donne des indicateurs sur la densité de la population humaine, les infrastructures routières ou les terres cultivées; ou des cartes sur les espèces menacées fournies par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN).
3 critères ont été définis pour qualifier une zone d’écosystème intact : « habitact intactness« , « faunal intactness » et « functional intactness« . Le dernier critère déterminant plus particulièrement si les densités d’espèces animales restantes sur ces territoires sont suffisamment importantes pour qu’elles remplissent leur rôle écologique dans les milieux étudiés.
Les scientifiques restent pour autant très divisés sur le sujet. Certains sont plus optimistes, avançant que la proportion de zones vierges depuis 500 ans sur la planète avoisinerait les 20 %. D’autres à l’inverse estiment qu’il ne resterait plus aucune terre sauvage qui ne soit abîmée par la main de l’homme. Pour eux, au moins les trois quarts des écosystèmes terrestres étaient déjà habités et donc modifiés par l’être humain il y a 12.000 ans. Car même nos ancêtres chasseurs-cueilleurs avaient un impact sur la nature.
